Parfois les adultes font de graves erreurs de diagnostic. Si l’élève a de faibles résultats, c’est qu’il ne travaille pas assez. Point. On lui reproche de ne pas se donner les moyens. On a vite fait aussi de le qualifier de « fainéant ». Et si c’était autre chose qui l’empêchait de travailler ? Avez-vous déjà entendu parler de l’angoisse de performance ?
Qu’est-ce que l’angoisse de performance ?
S’il est normal d’appréhender un examen, une évaluation car on a peur d’échouer, certains au contraire ont peur de ne pas réussir. Saisissez-vous la nuance ?
L’élève se fixe des objectifs de réussite trop élevés, il ne s’accorde pas le droit à l’erreur. Pour lui, perdre un point, c’est rater le contrôle. Il ne connaît que deux alternatives : briller ou échouer.
Il y a de fait une disproportion entre l’objectif à atteindre, et ce que l’adolescent exige de lui-même. Deux cas de figure sont à distinguer :
- l’objectif est réellement hors de portée, et l’adolescent en a conscience ;
- l’objectif est largement atteignable, mais l’adolescent ne s’en aperçoit pas.
Dans le premier cas, la marche est trop haute, et votre enfant se décourage. Concrètement, il se sent démoralisé par l’ampleur de la tâche et préfère renoncer plutôt que d’affronter la difficulté.
Dans le second cas, la marche est au bon niveau, mais votre ado a l’impression d’être une fourmi face à la Tour Eiffel. Vous le verrez alors perdre ses moyens pour des tâches que vous l’avez pourtant déjà vu accomplir. Pour vous, c’est un peu comme s’il fuyait devant le danger. Et on a vite fait de s’entendre dire : « franchement, tu pourrais faire un effort ! ».
Quand s’inquiéter ?
Pas de diagnostic médical ici, bien sûr. Il ne s’agit en aucun cas non plus de tirer des conclusions alarmistes. Je tiens simplement à vous inviter à observer le comportement de votre enfant face à la tâche scolaire. Si l’attitude de votre enfant vous inquiète, il faut consulter. L’anxiété de performance peut constituer un frein à l’apprentissage. C’est un trouble mental qu’il faut prendre au sérieux.
Cependant, sans établir que votre enfant souffre d’angoisse et vous précipiter sur Doctolib pour prendre un rendez-vous demain chez un psychologue, vous pouvez tout à fait repérer des moments d’angoisse sur lesquels vous pourrez agir (je vous explique comment juste après !).
Si votre adolescent :
- a tendance à procrastiner et en même temps vouloir tout contrôler ;
- se fixe des objectifs beaucoup trop hauts ;
- se préoccupe excessivement de ses notes ;
- est convaincu qu’il va échouer ;
- est paralysé face à la perspective du jugement…
c’est qu’il a besoin d’aide.
Comment réagir face au stress scolaire ?
Tout est question de mesure. Si les crises d’angoisse vous semblent pathologiques, il vaut mieux demander l’avis d’un spécialiste. La thérapie cognitive et comportementale semble la plus adaptée. Elle aidera votre adolescent à surmonter les troubles quotidiens qui y sont liés (troubles du sommeil, de l’alimentation, TOC, etc.)
Mais si ce stress est exclusivement scolaire, le coaching peut être un bon recours. Et je crois que les parents peuvent être de bons coachs ! (C’est tout l’objet de ce site d’ailleurs : trouver sa bonne place en tant que parent d’adolescent, et l’accompagner sereinement dans sa scolarité).
Alors, comment dédramatiser sans minimiser l’angoisse ?
- en valorisant l’échec : sans erreur, on n’apprend pas ;
- en observant de façon objective les conséquences d’un ratage : on ne redouble pas parce qu’on n’a « que » 13/20 en histoire (c’est du vécu !) ;
- en encourageant les efforts : insistez sur ceux déjà faits, notamment dans les domaines de compétence (exemple : au début, en VTT, tu te fatiguais vite. Maintenant, à force d’entraînement, tu peux rouler 25 km sans souci !) ;
- en découpant le travail en petites parts : on n’avale pas un gâteau entier d’un coup, on l’avale morceau par morceau !
Les mots que vous allez employer auront une grande incidence sur le comportement de votre adolescent. Ce n’est pas parce qu’il est plus grand qu’il n’a pas besoin d’encouragements fréquents. Vous l’avez aidé à grandir à force de compliments : « tu as lassé tes chaussures, c’est bien ! Je suis fier de toi ! ». Alors continuez ! Renforcez son sentiment de compétence, sans aller dans le sens de la compétition qui le ronge déjà à l’intérieur. Evitez « je sais que tu vas y arriver », « tu peux le faire » et toutes ces petites phrases qui augmentent la pression de la réussite. Préférez des phrases plus simples : « je suis derrière toi », « je crois en toi », « tu n’es pas seul.e », « j’ai confiance en toi, quoi que tu fasses ».
Vous l’aurez compris, votre rôle n’est pas de dire « tu stresses pour rien », mais de remettre la peur à sa juste place. L’appréhension de votre adolescent est disproportionnée, il ne faut pas le négliger. Elle cache aussi une envie de réussir très forte : et ça, c’est plutôt positif !